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Spleen et Idéaux

15 mars 2010

Marilyn, dernières séances de Michel Schneider

Un coup de cœur pour ce roman incroyablement bien écrit. Écrite sous forme de reportage, l'histoire nous semble réelle... Réelle elle l'est : les personnages ont véritablement existé, les lieux sont exactes, et les douleurs bien réelles. Ces "dernières séances" sont celle de Marilyn en psychanalyse...
marilyn_dernieresseances
C'est autour de témoignages réels que Michel Schneider a tenté de reconstituer les derniers mois de la vie de Marilyn Monroe, et en particulier la relation qu'elle avait avec son psychanalyste, Ralph Greenson.(qui a été le dernier à avoir vu Marilyn vivante, et celui qui l'a trouvé morte). L'auteur nous propose le portrait de deux personnalités qui n'avaient rien en commun et qui se sont rencontrées et que seule la mort a pu séparer.

Marilyn devient humaine, avec ses peurs, ses doutes. Elle apparait bien éloignée de la star belle, seulement belle, et écervelé
e ; elle était intelligente, sensible, cultivée. Voici l'image d'une femme à la dérive, que personne, même la psychanalyse, n'a pu sauver d'elle-même.

Car à travers ce double portrait Greenson/Monroe, Michel Schneider décrit la relation étroit qu'il y avait, à l'époque de Marilyn, celle du déclin d'Hollywood, entre cinéma et psychanalyse.

Un très belle hommage à Marilyn, la femme plus que l'actrice, l'être humain sensible plus que l'icône.

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13 mars 2010

Les Caractères de La Bruyère

Rigaud_Louis_XIV_1701Introduction générale aux Caractères


I. Le contexte historique : la fin du XVIIe siècle.
   1. Une monarchie absolue de droit divin
   Tous les pouvoirs sont concentrés en une seule personne, le roi, son seul supérieur est Dieu. A l'époque la religion est un élément très important. En 1685, Louis XIV révoque l'édit de Nantes, mettant le religion catholique en avant. Le roi s'appuie sur l'Église pour éviter les révoltes, et apporte de nouveaux fidèles. Apparition du Jansénisme qui prône une grande rigueur dans la pratique de la religion, c'est un véritable courant conservateur.
   Le Bruyère, lui, s'inscrit dans le courant des moralistes.

   2. Les classes sociales
   Le noblesse perd un peu de son pouvoir. Les nobles, ne devant pas travailler, on moins d'argent. La bourgeoisie, ayant de plus en plus d'argent, effectue une ascension sociale en achetant des titres de noblesse. On distingue deux "catégories" dans la noblesse : la noblesse d'épée dont la descendance remonte eu Moyen Age, et la noblesse de robe, bourgeois ayant acheté leurs titres de noblesse.                                                         Rigaud, Louis XIV, 1701
   Vue le dépenses de l'État, le peuple est réduit à une grande pauvreté.

   3. La vie à la cour
   Autour de 1680, la cour est synonyme de Versailles. S'installe une vie luxueuse qui est sensée être la vitrine du pouvoir. Le but principal des courtisans est de bien se faire voir auprès du roi. C'est un véritable monde de l'apparence qui s'oppose à l'idéal de l'honnête homme, aux qualités morales (modération, intelligence, bonté, piété).

   4. La vie artistique
   Très grand rayonnement des artistes européens dans toutes les cours de l'Europe. L'art c'est la postérité. A Versailles vivaient beaucoup d'artistes : Molière, Racine, Lully, Le Brun...


II. La vie littéraire de la fin du XVIIe siècle
   1. La mode des "salons" et du bel esprit

   Les "grands" se regroupaient dans des salons où ils faisaient des jeux littéraires (écriture de poèmes, épigrammes, critiques littéraires, etc.). Tout le monde peut devient écrivain, aristocrates, religieux, le but est de montrer son esprit.

   2. Le classicisme

   Apogée du mouvement classique : on s'inspire des écrivains de l'Antiquité (La Bruyère s'inspire de Théophraste), on cherchait à appliquer des règles précises dans un but de perfection formelle et du langage, des idées... recherche de la clarté (mise en place des règle du théâtre classique avec Boileau, Racine...)

   3. Le querelle des Anciens et des modernes

   Lien Wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Querelle_des_Anciens_et_des_Modernes

III. La Bruyère et son œuvre

   1. Sa vie

   La Bruyère était roturier, il a acheté une charge. Au départ, il travaille comme trésorier, puis devient précepteur du Duc de Bourbon, il est donc amené à vivre à la cour.

   Vers le fin de sa vie, il tente de se faire élire à l'Académie Française, Fontenelle prend sa place, il réessaie et est enfin élu. Pendant une période il n'est pas très apprécié à cause des Caractères.

   C'est un homme amère, il n'est pas noble et pas apprécié par les courtisans... On peut se demander si dans Les Caractères il n'essaie pas de régler ses comptes :

          Ce qui me soutient et me rassure contre les petits dédains que j’essuie
          quelquefois des grands et de mes égaux, c’est que je me dis à moi-même: « Ces
          gens n’en veulent peut-être qu’à ma fortune, et ils ont raison: elle est bien petite.
          Ils m’adoreraient sans doute si j’étais ministre. »

    Les Caractères, "De la cour", remarque 28.

   Le fait qu'il ait été précepteur donne un côté pédagogique à son œuvre. Une œuvre au XVIIe siècle, que soit une peinture, une sculpture, un écrit, a pour dut de plaire et d'instruire.

   La Bruyère n'est pas un révolutionnaire, c'est un moraliste qui cherche à nous faire réfléchir sur la moral et les mœurs.

   2. Le genre des Caractères

   La Bruyère imite Les Caractères et Théophraste (IVe siècle av. J.-C.). Il fait une satire, un caractère est un portrait satirique qui décrit un type social ou moral. Lors de la première publication La Bruyère présente son œuvre comme une traduction de Théophraste, avec, à la suite, Les Mœurs de ce siècles. Dans la première édition il ne se présente qu'en traducteur et ne donne pas son nom d'auteur.

   Le deuxième influence est celle des moralistes, écrivains traitant les thèmes de la morale : Pascal, Les Pensées ; La Rochefoucault, Les Maximes ; Bossuet, Sermons, Oraisons funèbres. Le genre : ce sont des formes brèves, écriture fragmentaire. Le but : parler des mœurs. Ce genre permet la diversité et ne met pas de fin à l'œuvre. La Bruyère a sans cesse modifié son œuvre.

   Les Caractères sont la seule œuvre de La Bruyère. Il l'a commencé en 1688 et arrêté en 1696. Entre temps il y a eu neuf éditions successives, ce qui montre qu'elle a eu beaucoup de succès. A chaque nouvelle édition La Bruyère ajoute de nouvelles remarques.

11 mars 2010

Les Liansons dangereuses

Bientôt, une présentation et une introduction à la lecturdangerous_liaisonse des Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos.

  Stephen Frears, Dangerous Liaisons

 

11 mars 2010

Spleen LXXVIII

Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l'horizon embrassant tout le cercle
II nous verse un jour noir plus triste que les nuits;

Quand la terre est changée en un cachot humide,
Où l'Espérance, comme une chauve-souris,
S'en va battant les murs de son aile timide
Et se cognant la tête à des plafonds pourris;

Quand la pluie étalant ses immenses traînées
D'une vaste prison imite les barreaux,
Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées
Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,

Des cloches tout à coup sautent avec furie
Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,
Ainsi que des esprits errants et sans patrie
Qui se mettent à geindre opiniâtrement.

- Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,
Défilent lentement dans mon âme; l'Espoir,
Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique,
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.

Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal

 rose

Quelques remarques sur le poème.

 

La poésie de Baudelaire : entre tradition et novation.

 

- Sur le plan formel, Baudelaire reste attacher à la tradition. Il utilise le quatrain et l'alexandrin. Il n'invente aucune nouvelle forme (contrairement à ce que fera un poète comme Apollinaire et des Calligramme.)

 

- Pourtant Baudelaire et bel et bien un poète de la modernité. C'est dans sa poétique elle-même que réside sa grande novation. Pour ses comparaisons et métaphores, il utilise un vocabulaire inédit en poésie : dans son poème le ciel devient « un couvercle », le monde est « un cachot humide » peuplé par un animal de l'ombre (« chauve-souris »), que la pluie transforme en « vaste prison ». Ce vocabulaire et totalement novateur.

 

- Ce qui fait la particularité et la modernité de sa poésie, c'est qu'elle est particulièrement sensuelle. Baudelaire fait appel à tous nos sens.

  •           Tout d'abord c'est une poésie extrêmement visuelle, Baudelaire utilise des images très concrètes, nous donnant à voir un univers sombre et particulier (voir ce que le paragraphe précédent sur le vocabulaire utilisé).
  •           Il fait également appel au sens su toucher : son univers est lourd, humide orageux, à travers notre lecture on ressent l'atmosphère froid est humide d'une cave. En parallèle au toucher cela fait également appel à l'odorat, on peut sentir l'odeur « des plafonds pourris ».
  •           Le plus important des sans doute le sens de l'ouïe. On notera beaucoup d'allitérations en « r », en « p » et en « s », ou encore, des assonances en « i ». Il faut également noter la particularité des deux derniers vers. « Des cloches tout à coup sautent avec furie / Et lancent vers le ciel un affreux hurlement » : le tourment des esprits est à son comble, tout hurle, se déchaine. Puis tout d'un coup : le silence qui résonne. C'est la mort qui résonne dans un grand silence, après la tempête.

 

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